L’envergure d’une mer interieure

« L’eau est ma maison, ce lac, ma passion. Chaque jour, je m’émerveille de ses vents, ses tempêtes, ses couleurs. »

Rencontre avec David Baillif

Originaire d’Yvoire, David Baillif est entré à la CGN* en 1993. Itinéraire d’un « gamin du lac » devenu capitaine de navire.

« À 5-6 ans déjà, à la pêche tous les jours, je me sentais de moins en moins terrien et de plus en plus marin ! Les bateaux de la CGN ont ensuite rythmé mon quotidien : la corne de brume, les roues à aube… »

Sa passion n’a pas varié : « l’eau est ma maison, ce lac, ma passion. Chaque jour, je m’émerveille de ses vents, ses tempêtes, ses couleurs. »

Matelot à ses débuts, il gravit les échelons et devient capitaine assermenté après un examen délivré par l’Office Fédéral des Transports de Berne. « Nous sommes garants de la sécurité de plus de 500 passagers : c’est un métier à responsabilité. Ces dernières années, il a évolué avec la mise en place de liaisons pour les frontaliers. L’hiver n’est plus réservé aux réparations dans les chantiers navals : on navigue à l’année. »

Il aurait pu céder aux sirènes de la navigation au long cours mais a gardé… les pieds sur terre :

« Ma famille compte. J’ai récemment assuré le transport de la princesse du Lichtenstein. En rentrant le soir, j’ai eu de quoi raconter à ma fille de 10 ans : capitaine d’une princesse… »

Marins d'eau douce

Yves Ergagnian est garde-port à Sciez-sur-Léman. « Mon rôle est très polyvalent : j’accueille les plaisanciers, j’assure la maintenance et la propreté du port, je veille à la sécurité de tous, avec une mission d’information auprès des visiteurs. » Depuis la capitainerie, Yves est à la fois les yeux et les oreilles du port au quotidien, aux premières loges pour raconter le Léman. « Un port, c’est une famille, une équipe. Les plaisanciers arrivent dès avril. On essaie de faire bénéficier les visiteurs des places vacantes, c’est un partage en bonne intelligence… »

En été, le port est le point névralgique local : pêcheurs pros et amateurs, Club nautique et de plongée, société de sauvetage et fêtes hebdomadaires donnent le tempo les pieds dans l’eau. A côté des stages de voile pour les écoles, l’aviron, le paddle, la planche à voile, le kite jouent la carte plaisir pour tous les niveaux et tous les âges. Chaque année, une dizaine de régates animent la saison estivale, avec un point d’orgue incontournable : le rassemblement des Vieux Gréements. 70 bateaux, c’est une sacré logistique, mais l’équipe est rodée et partage des valeurs clés : convivialité, solidarité… une véritable communauté.

Le teint hâlé par une vie passée le nez au vent, Yves appelle tout de même à la vigilance : « le lac n’est pas une mare à canards, il y a du danger. On ne s’en rend pas compte tant qu’on n’a pas vu le joran ! » Issu du Jura, ce vent bref mais violent s’abat sur le lac en quelques minutes et lève une houle de 1,20m de hauteur. Espace de liberté, le Léman est une véritable mer intérieure sur laquelle viennent s’entraîner des navigateurs chevronnés avant une transat en solitaire, comme Arno Machado.

 

 

 

 

L’art de buller

Plus grand lac d’eau douce d’Europe occidentale, le Léman reste préservé de la « bétonisation ». Sur ses rives : plusieurs espaces naturels sensibles et une zone Natura 2000. Evidemment, ça donne envie de profiter de la vie ! Petit dej avec vue à l’Hôtel de la plage pour une mise en route zen en mode yoga paddle, déj sur le pouce à l’O Café au port de Sechex, sieste au large, apéro afterwork sur la digue à Nernier, face au coucher du soleil… faut-il vraiment choisir ?